Thierry Brunello - Tous droits réservés.
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PAKISTAN

Hunza - Baltistan

(1990)

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Gorges de l'Indus - Karakoram Highway - 1990

Deux chaînes de montagnes se partagent le nord du Pakistan. À l’ouest, à cheval sur l’Afghanistan, l’Indou Kouch et son plus haut sommet, le Tirich Mir (7708m). À l’est, le massif du Karakoram, extension de l’Himalaya, avec le K2, 2ème plus haut sommet du monde (8611m).
L’Indus prend sa source au Tibet pour se jeter dans la mer d’Arabie. Trouvant son chemin à travers le Karakoram, il y a creusé une profonde entaille de 300 km.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les gorges de l’Indus ont été choisies pour être l’axe principal reliant la Chine et Islamabad, capitale du Pakistan. S’y aventurer est une véritable gageure. Imaginez une route étroite, accrochée à flanc de falaise, défoncée par des rochers tombant quotidiennement du ciel, sans parapet de sécurité, et surplombant les eaux furieuses de l'Indus coincé dans son étau de roc. Dans ce défilé de virages sans visibilité, croiser un camion ou un bus provoque toujours une montée d’adrénaline, suivi d’un numéro d’équilibriste sans cesse répété, les pneus dans le vide pour l’un, la carrosserie raclant la roche pour l’autre. Le ciel est réduit à un mince filet azur entre la crête inaccessible des falaises, falaises qui sont la base de montagnes de 7 à 8000 mètres qu’on ne peut voir tant le défilé est étroit, défilé chauffé à blanc, étouffant, sans un souffle de vent, avec le mugissement du fleuve qui fait taire les avertissements sonores et le bruit du moteur et nous oblige à crier pour communiquer. Dans un relais routier, en équilibre sur la falaise, gît le corps d'une femme en attente de rapatriement, une alpiniste française venue défier les 7000 mètres du Rakaposhi.

Dix heures usantes pour les nerfs, qui se terminent la nuit tombée, avec un seul phare, et un chauffeur exténué, agrippé au volant de la jeep et qu’il faut secouer dès qu’il pique du nez.

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Gorges de l'Indus - Karakoram Highway - 1990

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Le Rakaposhi - 7788 m

Au débouché des Gorges de l’Indus s’ouvre la vallée de la Hunza, un jardin fertile perché à 3000 mètres d’altitude, un paradis surgi du désert par l’eau irriguée des glaciers alentours. La Hunza est parsemée de villages de pierre et de boue séchée, tous dominés par des palais fortifiés en bois peint qui rappellent que la région fut tibétaine durant plusieurs siècles. À leur sommet trône la statue sculptée d’une chèvre, totem protecteur du village et des récoltes. Maintenant délaissés, ces palais sont devenus le terrain de jeu des enfants sortant de l’école.
Les habitants de la Hunza sont aussi curieux que chaleureux. Avant 1982 et la construction de la route du Karakoram, cette vallée reculée avait peu de lien avec le "monde moderne".
Le soir, à l’heure de l’apéro, nous comprenons à quoi sert le raisin qui pousse si haut dans ces montagnes.
- Du vin blanc, me dit Kumail.
De l’alcool. Il lit l’étonnement dans mon regard et se fend d’un sourire.
- On est Sunnites, murmure-t-il. Les Chiites ne savent pas ce qui est bon.
Le breuvage est un régal. En face de nous, des géants de glace trônent dans le crépuscule, farandole de dieux tutélaires, bien loin de ces considérations religieuses.

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Vallée de la Hunza - 1990

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Vallée de la Hunza - 1990

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Vallée de la Hunza - 1990

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La Hunza - Baltit - 1990

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La Hunza - 1990

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Les 7400 mètres du Ultar Sar

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La Hunza - Fort de Baltit - 1990

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La Hunza - Fort de Baltit - 1990

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Vallée de la Hunza - 1990

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La Hunza - Gilgit - 1990

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La Hunza - Gilgit - 1990

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Vallée de la Hunza - 1990

On dit ici que la haute vallée de la Hunza abrite les plus belles montagnes du monde. C’est à quatre-vingt kilomètres de la frontière chinoise que nous les avons rencontrées. Elles sont apparues à un détour de la route, comme un gigantesque château de fées. Des tours effilées, blanchies par la neige de la nuit, une forêt minérale aux verticales extrêmes sortie des limons d’un fleuve géant. Plus qu’un château, c’est une véritable forteresse qui darde ses lames granitiques à 6000 mètres de hauteur et qui protègent la vallée des vents glacials de l’hiver. Si les plus hautes aiguilles sont constamment prisonnières des glaces, à leur pied, l’été est étouffant. Le large fleuve aux eaux sablonneuses est un obstacle à qui voudrait violer ce pays des fées. Car les fées existent, les habitants du coin sont formels.
Est-ce au crépuscule, lorsque le soleil étire à l’infini l’ombre des tours qu’elles sortent de leur bâtisse ?
J’ai scruté inlassablement chaque paroi, chaque fissure et chaque pic mais je n’ai rien vu. J’ai tendu l’oreille dans le silence minéral, mais les pierres sont restées muettes.

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Haute vallée de la Hunza - 1990

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Haute vallée de la Hunza - 1990

De la Hunza, l’Indus bifurque vers le sud. Défilent à nouveau des virages oppressants, et l'Indus rugit à nouveau. Des vestiges de passerelles suspendues au-dessus de corridors transversaux rappellent que ces lieux furent traversés par un axe secondaire de la Route de la Soie qui reliait le Cachemire. Apparaissent aussi quelques bouts de sentiers creusés sur les flancs rocheux, à l’à-pic des cascades et des vagues déferlantes. J’ose à peine imaginer les conditions de voyage de l’époque.  Le soleil décline, les ombres s’allongent, bleues et compactes, puis la nuit tombe. Dans l’obscurité, l’Indus est un dragon-tonnerre tapi sous nos roues. Toute cette eau et pas un seul brin d’herbe !

La Lune apparaît soudain, grosse, ronde et blanche. Elle impose un silence subit. On a beau tendre l’oreille, le dragon s’est tu. Plus un seul murmure. Devant nous, les gorges se sont ouvertes. Un lac immense s’étale sous les reflets lunaires. Nous venons d’entrer au Baltistan.

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L'oasis de Skardu, capitale du Baltistan - 1990

« Tibet-i-khurd », « Le petit Tibet » fut arraché aux bouddhistes par les Musulmans au XVIème siècle. Réseau de cinq vallées qui s’étend entre les remparts géants du Karakoram, le Baltistan est le lieu des plus longs glaciers du monde après les pôles. Mais tout est ici tellement vaste et resserré à la fois qu’il faut de nombreux jours de trekking avant de les apercevoir.
Skardu, la capitale, est un gros bourg posé sur les rives d’un Indus si large qu’il en est paisible. Une mer de dunes s’étire sur l’autre rive, et par-dessus la frondaison des peupliers se dressent des montagnes arides et déchiquetées. À l'entrée de la rue principale de Skardu, deux banderoles nous accueillent :
« Toute nation islamique ne tolère aucune valeur non islamique. »
« Bienvenue aux touristes ! ».
Heureusement que le ridicule ne tue pas ; il y a déjà tellement peu de monde par ici…

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Baltistan, vallée de Skardu - 1990

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Baltistan, vallée de Skardu - 1990

« La vallée de Shyok est ce que j’ai vu de plus beau au monde. Un paysage magnifique, plus impressionnant que les Montagnes Rocheuses d’Amérique. »
C’est ce qu’écrivit le comte de Dunmore, explorateur britannique qui traversa le massif du Karakoram en 1892. Il faut reconnaître que les étendues désertiques qui longent le cours majestueux de la Shyok, affluent de l’Indus, sont de toute beauté. L’échelle du paysage nous fait deviner l’ampleur des glaciers qui se cachent à quelques kilomètres d’ici. Le Sachien et le Baltoro font plus de 70 kilomètres de long chacun.
À cent kilomètres à l’est de Skardu, soit sept heures d’une piste aussi dangereuse que poussiéreuse, le village de Khapulu se love dans une boucle de la Shyok. Comme dans la Hunza, les cultures existent ici grâce à l’eau irriguée des glaciers. Sous les peupliers grandissent les vergers, et sous les vergers poussent les potagers. Le village de Khapulu se concentre autour d’une rue principale bordée de deux épiceries et d’une gargote à thé. La petite rivière, claire et vivifiante qui descend des crêtes, coupe le village en deux et le berce de ses clapotis continus. S’y mêlent le cri des écoliers, les palabres des vieillards, le chant des oiseaux, et le babillement des rejetons de mariages consanguins.
Pourquoi être venu tout au bout de ce bout du monde ? Pour tenter d’apercevoir la « reine du Karakoram », le Masherbrum, en d’autres termes l’un des satellites géants du K2. Mais ce sera peine perdue. Après sept heures d’une piste chaotique -et quasi suicidaire-, la mauvaise humeur du ciel aura raison de notre témérité.

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Baltistan, rivière Shyok - 1990

Catherine C. - Tous droits réservés.

Baltistan, rivière Shyok - 1990

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Baltistan, Village de Khapulu  (3000 m)- 1990

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Baltistan, village de Hushe (4000 m) - 1990

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Baltistan, village de Hushe - 1990