Thierry Brunello - Tous droits réservés.
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ESPAGNE

CORDOUE - Mosquée-Cathédrale

Combien ont déjà admiré la beauté de ce qui fut la grande mosquée omeyyade d’Occident ? Car avant même de devenir cathédrale, la mosquée de Cordoue rivalisait de beauté avec ses sœurs de l’Empire romain d’Orient.
Au fil du temps, elle fut préservée, transformée, agrandie sous la responsabilité et avec la sagesse de ceux qui en eurent la garde. Aujourd’hui, elle montre au monde la grandeur de son histoire, débordant dans la splendeur califale, et culminant avec l’art du Gothique, de la Renaissance et du Baroque.

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Elle se tient là, impassible dans la forge de ce jour de septembre, son minaret-clocher dressé vers le ciel laiteux. Dans la Cour des Orangers, qui fut autrefois le parvis musulman des ablutions, les arbres aux fruits encore verts vous recouvrent d’une ombre protectrice. Mais c’est en entrant dans l’ensemble monumental que la température passe enfin sous la barre des 40 degrés.

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Tout commence par la basilique Saint Vincent, que les Wisigoths bâtissent au VIème siècle sur les rives sauvages du Guadalquivir.
À l’arrivée des Arabes, l’enceinte est divisée et son utilisation partagée entre Chrétiens et Musulmans.
La mosquée primitive voit véritablement le jour sous le règne du calife Abderrahmane Ier. En 788, onze nefs sont édifiées, perpendiculaires au qibla, le mur des prières. Un qibla particulier, car il est le seul, de tous les autres oratoires musulmans, à être orienté au sud et non vers la Mecque.

 

Encore aveuglé de lumière du jour, on ne perçoit aucune limite, comme si l’alignement des piliers et des voûtes bicolores n’avait pas de fin. C’est une forêt aux nuances hellénistiques et romaines. Car l’ensemble est sous l’influence directe des aqueducs et arcs de triomphe de l’ancienne Rome. Des colonnes sur lesquelles repose un système de doubles arcatures superposées. S’en dégage une sensation de sveltesse et de légèreté. Quant aux chapiteaux, beaucoup sont corinthiens.

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Mais ce que l’on admire ici n’est pas une relique du passé. Tout a constamment été transformé. En 848, la salle des prières est prolongée de huit nefs. En 951, un nouveau minaret est dressé. En 966, douze nouveaux tronçons sont ajoutés vers le sud, l’enceinte s’allonge, reculant encore le mur du qibla. Le mihrab dépasse le rôle de simple niche invitant à la prière ; il devient une pièce octogonale surmontée d’une coupole. Les artisans, envoyés de Byzance par l’empereur Nicéphore II, en font une merveille d’ornementation de céramiques et de pans d’atauriques.

Le califat omeyyade continue sa période de splendeur politique, sociale et culturelle, poussant Cordoue à remplacer Damas comme point de référence.
En 991, sous le règne d’Almanzor, l’ensemble est agrandi vers l’est avec huit nouvelles nefs.

La mosquée est un joyau à la réputation déjà universelle lorsque le califat de Cordoue prend fin en 1031.

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Le qibla, mur des prières

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Le mihrab, alcôve sacrée.

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En 1146, sous l’impulsion espagnole, le lieu est consacré au culte catholique, mais il faut attendre 1246 pour que commence sa véritable transformation et qu’il soit baptisé Cathédrale de Sainte Marie. Car il s’agit de montrer le pouvoir et la religiosité de la monarchie espagnole. Au cœur même de la mosquée, en son centre géométrique, est érigée la grande Chapelle. Si la Mosquée était tout en horizontalité, la Cathédrale devient verticale. Les nefs califales sont intégrées pour devenir les nefs transversales de la cathédrale. Le transept constitue une immense baie vitrée qui inonde de lumière le cœur du bâtiment. Outre sa grande maîtrise de l’ingénierie, il déroule ici un dialogue parfait entre l’art du Gothique et de la Renaissance.

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Les travaux se terminent, alors qu’en 1607 débute la construction de Saint Pierre de Rome.
En 1882, la Mosquée-Cathédrale de Cordoue est déclarée "Monument National historique et artistique". C’est l’année où commencent les travaux de la Sagrada Familial à Barcelone.
En 1984, elle est classée au Patrimoine mondial de l’humanité.

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En 2014, la Mosquée-Cathédrale passe au rang de Valeur Universelle Exceptionnelle. Car c’est un bâtiment vivant, un lieu de culte ouvert au monde, qui a été transformé par des hommes, des cultures, des religions diverses tout au long de son histoire. C’est là que se trouve sa valeur singulière, dans l’intemporalité de ce qu’elle représente, au-delà même des religions. La Mosquée-Cathédrale de Cordoue est plus qu’un temple ; elle est un élan vers le Sacré, une invitation à la contemplation.